Minéralocorticoïdes

Les minéralocortico(stéro)-ïdes sont synthétisés dans la corticosurrénale (CS). Ces hormones ont pour fonction essentielle de réguler le transport du Na+ et du K+ dans le rein et dans d'autres organes (vésicule biliaire, intestin, glandes sudoripares, glandes salivaires. etc.). Le principal représentant des minéralocorticoïdes est l'aldostérone, mais la corticostérone, la désoxycorticostérone et même les glucocorticoïdes ont une influence sur le transport du sel.

Biochimie

L'aldostérone appartient aux stéroïdes C21; elle possède donc 21 atomes C et est formée dans la zone glomérulaire (zona glomerulosa) de la corticosurrénale (CS). La biosynthèse de l'aldostérone se fait à partir du cholestérol qui est issu essentiellement du plasma, mais qui peut aussi être formé dans la corticosurrénale. L'ACTH agit en stimulant la biosynthèse (et non la sécrétion) de l'aldostérone. Le taux de synthèse de l'aldostérone est de 80 à 240 μg/jour et la concentration plasmatique est de 0.10 à 0,15 μg/l. Ces valeurs varient selon l'absorption de NaCl et l'heure de la journée : les taux de sécrétion les plus élevés sont observés le matin et ils atteignent un minimum tard le soir. L'aldostérone se combinée l'acide glycuronique dans le foie et est excrétée, sous cette forme, dans la bile et dans I'urine.

Régulation de la sécrétion d'aldostérone

L'aldostérone provoque dans tout l'organisme une rétention du Va+ et une augmentation de l'excrétion du K+. On constate aussi une rétention secondaire de l'eau, si bien qu'il en résulte, entre autres, une augmentation du volume extracellulsire.

Il est donc compréhensible que, d'un point de vue physiologique, la sécrétion d'aldostérone soit stimulée : a) par une diminution du volume sanguin, b) par une hyponatrémie et c) par une hyperkaliémie. L'angiotensine II joue un rôle essentiel dans la sécrétion d'aldostérone mais on ne connaît pas encore le mécanisme permettant ce déclenchement.

La libération d'aldostérone est également stimulée par l'ACTH ; elle est inhibée par l'atriopeptine provenant des oreillettes du cœur .

Action de l'aldostérone

L'aldostérone stimule la réabsorption du Na+ et l'excrétion du K+ au niveau des cellules transportant le sel. Son action commence 1/2 heure à 1 heure après sa libération (ou sa sécrétion) et atteint sa valeur maximale au bout de quelques heures. Ce retard s'explique par le temps nécessaire à la progression de la réaction intracellulaire jusqu'au moment de l'action des hormones stéroïdes :

(1) diffusion de l'aldostérone (= A) à travers la membrane cellulaire. (2) liaison spécifique aux récepteurs protéiques cytoplasmiques (= R), (3) « activation » et changement de conformation du complexe activé A-R, (4) liaison sur la chromatine des récepteurs intranucléiques en vue de la réaction, (5) induction de l'ARN, (6) production des Protéines Induites par l'Aldostérone (AlPs) qui modulent les effets cellulaires de celle-ci.

Lorsque la corticosurrénale synthétise une trop grande quantité d'aldostérone, cela provoque un hyperaldostéronisme. Lors d'un hyperaldostéronisme primaire (à la suite de tumeurs corticosurrénates produisant de l'aldostérone : syndrome de Conn), la sécrétion de l'aldostérone ne répond pas au rétrocontrôle. La rétention du Na+ conduit à une augmentation du volume extracellulaire (CEC) et de la pression artérielle; les pertes en K+ provoquent une hypokaliémie qui est accompagnée d'une alcalose hypokaliémique.

L'hyperaldostéronisme secondaire, encore plus fréquent, apparaît lors d'une diminution du volume plasmatique efficace (lors de la grossesse, d'une insuffisance cardiaque, de l'administration chronique de diurétiques, d'un régime pauvre en NaCl, d'une cirrhose hépatique avec ascite). Dans chacune de ces situations, l'activation du système rénine-angiotensine II aboutit à la sécrétion d'aldostérone. En cas d'insuffisance surrénalienne (maladie d'Addison), l'absence d'aldostérone provoque une forte augmentation de l'excrétion du Na+ avec rétention du K+, ce qui conduit, associé à un déficit en glucocorticoïdes, à une situation dont le pronostic est vital.

Excrétion du Ca2+ et du phosphate

En tant qu'organe excréteur, le rein participe de façon importante à l'équilibre du bilan calcique. La concentration plasmatique du calcium libre et lié est de 2,3 à 2,7 mmol/l (4,6 à 5.4 meq/l) : 1.3 mmo/l environ sont à l'état de Ca2+ ionisé, 0.2 mmol/1 sont liés (à du phosphate et du citrate) et le reste, 0.8 à 1.2 mmol/l. est lié à des protéines plasmatiques et n'est donc pas filtrable (cf. p. 10 et p. 127, B). Ainsi, environ 270 mmol (1,5 mmol/l X 180l/jour) sont filtrées quotidiennement et, de cette quantité, 0,5 à 3 % seulement apparaissent dans l'urine. Le site de réabsorption est l'ensemble du néphron, à l'exception des tubes collecteurs. La réabsorption du Ca2+ est généralement parallèle à celle du Na+. Cela est vrai, tant pour l'action des diurétiques que pour le site de la régulation fine de l'excrétion du Ca2+ qui se déroule essentiellement dans le tube distal. La parathormone et, à un moindre degré, le 1.25 dihydroxycalciférol (provenant de la vitamine D ) diminuent l'excrétion du Ca2+, tandis que la calcitonine l'augmente.

80 à 95% du phosphate filtré dans le glomérule sont réabsorbés (principalement dans le tube proximal). Contrairement à ce qui se passe pour le Ca2+, la parathormone stimule l'élimination du phosphate, alors que le 1.25-dihydroxycalciférol diminue l'excrétion du phosphate et la calcitonine l'augmente.