Leucémies aiguës

Les leucémies aiguës sont des maladies malignes caractérisées par la perte de la capacité à se différencier et par la prolifération anormale des cellules précurseurs de la moelle osseuse. La prolifération illimitée des cellules malignes inhibe l'hématopoïèse normale. Sans traitement, les leucémies aiguës sont létales en quelques semaines.

Hématopoïèse et origine des leucémies

Certaines leucémies se développent à partir de cellules souches pluripotentes. Ces leucémies peu différenciées sont difficiles à classer selon la morphologie. D'autres sont dérivées des myéloblastes et montrent la morphologie correspondante. Les leucémies myélomonocytaires se développent à partir des précurseurs communs des lignées granulocytaire et monocytaire. Sur la base de critères morphologiques et à l'aide de colorations cytochimiques (détection d'enzymes telles que la myéloperoxidase), on classe les leucémies myéloïdes aiguës en huit sous-groupes (MO à M7) selon la classification FAB (FrenchAmerican-British).

Phénotypes immunologiques

des leucémies aiguës myéloblastiques Les leucémies lymphoblastiques et myéloblastiques sont traitées de façon différente. Le phénotypage immunologique prend donc de l'importance si la morphologie est peu informative. Les leucémies immatures telles que la leucémie MO expriment un faible nombre de marqueurs tels que CD 117 et CD34 mais aussi les antigènes myéloïdes précoces CD 13 et CD33 en faible densité. Les types Ml, M2 et M3 de la LAM peuvent en général être différenciés par la microscopie. Le profil d'expression de marqueurs ne permet pas une classification exacte. Les leucémies myéîomonocytaires (LAM M4) et monocylaires (LAM M5) expriment CD 14 et CD64. Les types M6 et M7 expriment la glycophorine A, un antigène des érythrocytes, ou CD61, un antigène mégacaryocytaire.

Phénotypes immunologiques des leucémies aiguës lymphoblastiques

Les leucémies « indifférenciées » dépourvues de marqueurs spécifiques de lignée sont rares. Elles expriment en général l'enzyme désoxynucléotide transférase terminale (TdT). On connaît plusieurs sous-types de leucémies lymphoblastiques. La plupart correspond au stade précoce de maturation de la lignée B (pré-pré-B ou pré-B). L'expression de l'antigène CDIo (CALLA) indique un pronostic favorable chez les enfants mais a peu de valeur prédictive chez l'adulte. Les leucémies dérivées de cellules B matures expriment une immunoglobuline à la surface. Elles ont un pronostic défavorable et nécessitent des traitements très agressifs. Les leucémies de la lignée T expriment CD3 dans le cytoplasme ou à la surface. L'expression de CD la, CD2, CD4 et CD8 identifie divers soustypes mais est de faible signification clinique.

Caractéristiques cytogénétiques des leucémies aiguës myéloblastiques et lymphoblastiques

La plupart des leucémies sont dues à des mutations, des délétions chromosomiques (det) et des translocations (t) qui mènent à la perte de fonction ou à l'activité incontrôlée d'une protéine qui intervient dans la différenciation ou dans le cycle cellulaires. Ces caractéristiques biologiques influent fortement sur le pronostic. Dans certains cas, ils sont associés à une morphologie distincte. Ainsi la leucémie promyélocytaire (M3) est-elle due à une translocation entre les chromosomes 15 et 17 et montre un grand nombre de granules azurophiles. Les leucémies avec une inversion ou des délétions au sein du chromosome 16 montrent une éosinophilie typique dans la moelle (M4Eo). Les leucémies myélocytaires du type M2 ont souvent une translocation entre les chromosomes 8 et 21. Ces trois derniers types de leucémies ont un pronostic plus favorable que la plupart des autres, surtout en présence d'anomalies génétiques complexes. Les classifications des leucémies de valeur pronostique seront donc à l'avenir davantage fondées sur leur génotype.