Lymphomes T

Lymphome/leucémie lymphoblastique des précurseurs T

Les lymphomes lymphoblastiques naissent dans les ganglions et colonisent ensuite la moelle osseuse, alors que les leucémies lymphoblastiques naissent dans la moelle avant d'infiltrer les ganglions. Les deux syndromes étant souvent difficiles à distinguer, on parle de leucémie si les cellules du lymphome représentent plus de 25 p. 100 des cellules de la moelle. Alors que les lymphomes lymphoblastiques T représentent 40 p. 100 des lymphomes de l'enfant, ils représentant 2 p . 100 des lymphomes malins non hodgkimens (LMNH) et 15 p. 100 des leucémies lymphoblastiques aiguës de l'adulte. Ces maladies atteignent surtout les hommes jeunes. Elles se caractérisent par des tumeurs médiastinales croissant rapidement et/ou par une lymphadénopathie périphérique. Sans traitement, la dissémination des cellules malignes est rapidement létale. Les lymphoblastes se développent à partir de thymocytes et possèdent de grands noyaux entoures de peu de cytoplasme. Ils expriment CD7 et CD3 dans le cytoplasme ou à la surface. L'expression d'autres marqueurs T tels que CD2 et CD5 est variable. L'expression de l'enzyme TdT dans le noyau est caractéristique. Cette maladie peut souvent être guérie par une chimiothérapie agressive.

Lymphomes T périphériques

1. Parmi les lymphomes malins non hodgkiniens, la leucémie lymphoide chronique à cellules T ou LLC-T est très rare. Les cellules possèdent des noyaux avec un contour irrégulier, des nucléoles proéminents et un cytoplasme large qui les font ressembler aux pro-lymphocytes. Les lymphocytes infiltrent la moelle osseuse, la rate, le foie, les ganglions, mais aussi la peau et les muqueuses. Le sang contient souvent plus de 100000 leucocytes/mm3. Les cellules malignes expriment les marqueurs T CD2, CD3, CD5, CD7 et souvent CD4 (65 p. 100), parfois aussi simultanément CD4 et CD8 (21 p. 100). Une inversion au sein du chromosome 14 (q11:q32) est détectée dans 75 p. 100 des cas ; des trisomies 8 ont également été décrites. Le pronostic est nettement moins favorable que celui des LLC de type B.

2. La leucémie de type LGL (large granular lymphocyte) est dérivée de cellules CD8+ ou NK circulantes. On trouve typiquement une leucocytose modérée (jusqu'à 20000/mm1) souvent accompagnée d'une neutropénie. La forme dérivée des cellules T est souvent associée à une anémie et à une splénomégalie modérée. L'évolution est relativement bénigne et les symptômes sont en général dus à la cytopéme. Les cellules tumorales montrent un noyau grand/ovalaire excentré et un cytoplasme bleu pâle avec des granules azurophiles. Le phénotype de la forme T est CD3+, CD8+, CD16+, TCRαβ+, conforme au CTL. Le type NK est CD3-, TCRαβ-, CD56+/-, CD16+ et CD8+/-.

3. Les cellules T CD4 périphériques épidermotropes peuvent donner naissance aux lymphomes cutanés (mycosisfongoïdes) ou la forme correspondante généralisée, le syndrome de Sézary. Les patients se plaignent initialement d'eczémas prurigineux qui se transforment plus tard en plaques ou en nodules cutanés. Les patients avec un syndrome de Sézary présentent une érythrodermie diffuse («homme rouge») accompagnée d'un prurit parfois insupportable. Les cellules tumorales circulent dans le sang : dans le mycosis en faible quantité, dans le syndrome de Sézary en grand nombre. Des lymphomes anaplasiques à grandes cellules peuvent se développer ultérieurement. L'histologie montre de petits lymphocytes au noyau cérébriforme dans les infiltrais cutanés, dans le sang et dans la paracorticale des ganglions. Les cellules expriment CD2, CD3, CD5 et souvent CD4.

4. Les lymphomes T périphériques peuvent dériver de cellules T à divers stades de différenciation. Ces maladies représentent environ 10 p. 100 des LMNH. Le groupe est hétérogène et provisoire. Les noyaux sont délimités de façon irregulière et leur taille varie fortement. L'expression des marqueurs T est variable. La plupart des cellules exprime CD4. Dans certains cas, on trouve un grand nombre de cellules épithéloïdes (lymphome de Lennert ou lymphome lympho-épithéloïde). Le lymphome yô hépatosplénique montre une forte infiltration du foie et de la rate.

5. Les autres lymphomes périphériques sont responsables de syndromes cliniques bien définis et sont discutés séparément. Le lymphome T yneio-immunoblastique se manifeste sous forme d'une lymphadénopathie généralisée accompagnée de fièvre, de perte de poids, d'érythème et d'une hypergammaglobulinémie polyclonale. On l'appelle aussi lymphadénopathie angioimmunoblastique avec dysprotéinémie (LAID). L'architecture des ganglions est détruite, les sinus sont élargis et les infiltrations pénètrent dans la capsule et le tissu adipeux périganglionnaire. Des amas de CFD entourent des veinules proliférantes. Les gènes du TCR sont réarrangés. Les cellules expriment des marqueurs T, dont CD4. Dans 10 p. 100 des cas, les gènes des chaînes lourdes Ig sont également rearrangés. Une transformation en lymphome T ou B de haute malignité est parfois observée.

6. Les lymphomes angiocentriques sont probablement dérivés des cellules NK ou T et atteignent le nez, le palais et la peau. L'évolution peut être bénigne ou agressive. La maladie est caractérisée par des infiltrats de petits lymphocytes et de cellules lymphoïdes atypiques qui provoquent une sténose des vaisseaux avec nécrose ischémique. Les cellules expriment CD2 et souvent CD7, CD5 et CD56 mais pas CD3.

7. Les lymphomes T intestinaux se développent en général chez des patients avec des antécédents de maladie coeliaque. La maladie était autrefois appelée histiocytose maligne de l'intestin. On retrouve de multiples ulcères malins dans le jéjunum qui provoquent facilement une perforation. Les foyers malins contiennent un mélange de cellules de différentes tailles. Les cellules anormales expriment CD3, CD7 et parfois CD8. Elles expriment également le marqueur CD 103 typique des cellules T des muqueuses.

8. Le îymphome ou leucémie adulte T est lié au virus HTLV1 et observé au Japon et dans les petites Antilles, mais de façon sporadique en Europe. L'évolution est en général aiguë, avec hyperleucocytose, hépatosplénomégalie, hypercalcémie et lésions ostéolytiques. La survie moyenne est de moins d'un an. Le sang contient des cellules avec des noyaux en forme de trèfle. Les cellules tumorales expriment CD3, CD2, CD4 et CD25 mais pas CD7. La forme chronique avec hyperleucocytose modérée et sans hépatosplénomégalie ou lésions ostéolytiques a un pronostic plus favorable.

9. Le lymphome anaplasique à grandes cellules (LAGC) est issu de blastes extrafolliculaires CD30+. La maladie peut évoluer en forme systémique ou cutanée mais aussi comme cancer secondaire. Le pronostic de la forme cutanée est largement plus favorable. Les cellules tumorales se présentent sous forme de blastes riches en cytoplasme, dotés de noyaux multiples ou en forme de fer à cheval avec plusieurs nucléoles. Les formes multinucléées peuvent ressembler aux cellules RS. La plupart des tumeurs expriment des marqueurs T (CD3+/-, CD25+/-) et présentent un réarrangement des gènes du TCR. Les cellules tumorales expriment également un antigène épithélial membranaire (EMA). La forme systémique est souvent associée à une translocation t (2 : 5) qui produit la protéine de fusion nucleophosmine-anaplastic lymphoma kinase (NPM-ALK). Cette translocation a pour conséquence la fusion d'une kinase appartenant à la famille des récepteurs de l'insuline avec une protéine régulatrice du cycle cellulaire, la nucléophosmine. La kinase modifiée jouerait un rôle dans la physiopathologie.