Maladie de Hodgkin

Modèle pathogénique

Cent soixante ans après sa description initiale, la physiopathologie de la maladie de Hodgkin n'est pas entièrement comprise. Les cellules typiques de Reed-Sternberg (RS) et celles de Hodgkin (HD) (cellules bi- ou polynucléées avec de grands nucléoles et un cytoplasme clair et large) représentent 1 à 2 p. 100 de la population cellulaire d'un ganglion atteint. Le reste est composé d'un mélange de lymphocytes, d'histiocytes, d'éosmophiles, de plasmocytes et de fibroblastes. Les gènes des chaînes lourdes Ig sont réarrangés dans un grand nombre de cellules RS, ce qui suggère que ces cellules sont d'origine B. Dans 50 p. 100 des cas, le génome du EBV est détecté dans les cellules RS qui expriment aussi des marqueurs de cellules B en forte densité. Cela apporte la preuve que le type maladie de Hodgkin à prédominance lymphocytaire (B.l.) correspond à un lymphome B. Néanmoins, les cellules HD ou RS montrent un phénotype de cellules T activées, alors que d'autres expriment des antigènes typiques de cellules dendritiques tels que CD83 ou p55. Les cellules RS expriment aussi toutes les molécules impliquées dans la présentation antigénique : CMH de classes 1 et II, molécules de co-stimulation CD80 et CD86 ainsi que les molécules d'adhésion CD54 et CD58. L'interaction de CD30 avec CD30L, exprimée par les lymphocytes T, les monocytes et les macrophages, induit la sécrétion de cytokines par les cellules RS. L'IL-5 est responsable de l'infiltration éosinophile, tandis que l'IL-1, IL-6 et l'IL-9 agissent comme facteurs de croissance autocrines et paracrines. La fibrose typique est due à l'IL-1 et au TGF-β.

Classification histologique

Le type scléronodulaire, la forme la plus fréquente de la maladie de Hodgkin, est caractérisé par des nodules limités par des zones sclérosées et a un pronostic favorable. La forme à prédominance lymphocytaire possède peu de cellules RS et représente vraisemblablement un lymphome B de croissance lente et de pronostic favorable. La forme avec déplétion lymphocytaire, moins fréquente que les autres, montre une morphologie similaire à celle du lymphome anaplasique à grandes cellules mais ne possède pas la translocation t. Toutes les autres formes histologiques sont classées dans le type cellulaire mixte.

Symptômes

Les adénopathies indolores sont typiques de la maladie. Chez 10p. 100 des patients, des poussées fébriles récurrentes, des sueurs nocturnes et une perte de poids représentent les symptômes initiaux. Dans les stades avancés la maladie de Hodgkin atteint des organes non lymphoi'des tels que le foie, la moelle osseuse, les os ainsi que les poumons et la peau.

Biologie

La maladie de Hodgkin est accompagnée de signes d'inflammation typiques : vitesse de sédimentation (VS) élevée, anémie, ferritinémie basse, α2-globulines élevées, taux de cuivre élevé. Une neutrophilie ou une monocytose sont fréquentes ; une éosinophilie est rare mais peut atteindre des valeurs extrêmes. Trente pour cent des patients montrent une lymphopénie. La forme soluble de l'antigène CD30 (sCD30) peut parfois être détectée dans le sérum. Les taux élevés de sCD30 et du récepteur soluble de l'IL-2 (sCD25) sont corrélés au stade de la maladie et à un pronostic défavorable.

Traitement

La majorité des patients peuvent actuellement être guéris. Le pronostic varie en fonction de l'extension de la maladie ainsi que des facteurs de mauvais pronostic (par exemple tumeur médiastinale large, atteinte extraganglionnaire, infiltration massive de la rate, VS élevée). Dans les stades précoces et en l'absence de facteur de mauvais pronostic, l'irradiation induit une rémission chez 80 p. 100 des patients. On irradie les ganglions atteints et avoisinants selon, respectivement, les protocoles du «champ de manteau supérieur» ou du «Y retourné». Une polychimiothérapie est prescrite chez les patients présentant un stade avancé ou des facteurs de mauvais pronostic. En cas de récidive, le traitement associe une polychimiothérapie à forte dose et une greffe de cellules souches autologues. Enfin, on développe des approches thérapeutiques expérimentales, telles que des anticorps bi-spécifiques qui mettent les CTL en contact avec les cellules HD CD30+.