Pression sanguine
Lorsque, dans le langage courant, on parle de « tension artérielle », il est question, en fait, de la pression artérielle. Elle oscille entre chaque battement cardiaque entre une valeur maximale (pression systolique) qui se situe durant la systole du cœur et une valeur minimale (pression diastoli-que) qui se produit pendant la diastole. Alors que la pression systolique dépend de la fonction cardiaque et de l'élasticité des grosses artères, la pression diastolique dépend surtout de la vitesse d'écoulement du sang, c'est-à-dire de la résistance totale périphérique.
La valeur de la pression systolique au repos (assis ou couché) mesurée au bras est de 16 kPa (120mmHg), et la pression diastolique de 10,7 kPa (80 mmHg). La moyenne « géométrique » des deux grandeurs (voir ci-dessus) est la pression moyenne (P) ; la différence entre elles est la pression différentielle (ou pulsatile : PP).
PP est principalement fonction du volume systolique (VS) et de la compliance artérielle ou capacitance (= changement de volume/ changement de pression ; ΔV / ΔP). Pour un VS donné et une compliance diminuée (les vaisseaux deviennent plus rigides), PS augmente plus que PD, et en conséquence PP augmente (c'est ce qui se passe lors du vieillissement). Une augmentation de Vs sans modification de compliance occasionne aussi une plus forte augmentation de PS que de PD (PP augmente). Pour une fréquence cardiaque et un Vs donnés, P est proportionnelle à la RPT. Si la RPT augmente et que le Vs est éjecté aussi rapidement que précédemment, PS et PD augmentent dans la même proportion et PP reste inchangée. Toutefois, l'augmentation de RPT allonge la durée d'éjection. Dans ce cas, le rapport augmentation du volume artériel/écoulement périphérique durant l'éjection diminue. En conséquence, Ps augmente moins que PD et PP est diminuée.
On peut mesurer la pression sanguine soit directement à l'aide d'une aiguille placée dans le flux sanguin (A et B1, courbe de pression figurée), soit de manière indirecte à l'aide d'un brassard gonflable. Pour cela, le brassard placé autour du bras est gonflé jusqu'à ce que la pression du brassard dépasse la pression maximale du sang. Un stéthoscope est placé en regard de l'artère humérale, au pli du coude, et l'on dégonfle peu à peu le brassard. Pour une pression donnée, lue sur le manomètre, on entend des battements traduisant le passage en jet du sang au niveau de l'obstacle que constitue le brassard : cette pression correspond approximativement à la pression systolique. Les battements s'atténuent et disparaissent lorsque l'écoulement du sang devient continu ; la pression lue sur le manomètre correspond alors à la pression diastolique. La pression artérielle peut être exprimée aussi bien en mmHg qu'en kPa.
La pression artérielle moyenne permet de déterminer la perfusion d'un organe. Cette pression peut être estimée par un graphique : une ligne droite, parallèle à l'axe des temps, est tracée de telle manière que les surfaces définies par la courbe de pression au-dessus et au-dessous de la droite soient égales. L'intersection de la droite avec l'axe des y (axe des pressions) indique la pression moyenne. Bien que la pression moyenne décroisse de l'aorte à l'artère fémorale, on peut trouver une pression maximale plus élevée dans l'artère fémorale que dans l'aorte.
Il est indispensable, pour l'alimentation des tissus, que la pression sanguine soit bien régulée. Une pression artérielle trop faible conduit à un état de choc, à l'anoxie et à la mort tissulaire. Une pression artérielle trop haute chroniquement (hypertension) est, elle aussi nuisible, car les vaisseaux en souffrent (en particulier ceux du cœur, du cerveau, des reins et de la
peau), La pression est beaucoup plus basse dans l'artère pulmonaire que dans l'aorte ; la pression systolique n'est que de 3,3 kPa environ (25 mmHg) et la pression diastolique de 1,3 kPa (10 mmHg). La circulation pulmonaire appartient donc au système à basse pression. Une autre particularité de la circulation pulmonaire est la souplesse de l'environnement des vaisseaux pulmonaires (tissu pulmonaire rempli d'air). Une augmentation du débit dans la circulation pulmonaire (par ex. durant l'exercice) entraîne plutôt une dilatation des vaisseaux pulmonaires (diminution des résistances) qu'une évélation de pression pulmonaire. A cet instant, les vaisseaux pulmonaires font transitoirement fonction de réservoir.
Alors que la pression artérielle dépend en premier du débit cardiaque Qc et de la résistance périphérique totale RPT, la pression dans les veines est surtout liée au volume sanguin et à ses modifications en fonction du temps; ainsi la pression veineuse n'est que de 0,2 à 0,5 kPa (soit 1,5 à 4 mmHg) dans les veines proches du cœur. Une pression aussi basse dans les vaisseaux rend le diamètre de ceux-ci fortement dépendant de la pression environnante, car le diamètre dépend de la pression transmurale. Dans la cage thoracique, cette pression varie en fonction du cycle respiratoire [pression thoracique), de sorte que le diamètre des veines caves oscille en fonction de la ventilation, ce qui se traduit par une sorte de pompage du flux veineux lors de la respiration de la périphérie vers le cœur. A l'inspiration, la pression intrathoracique chute en dessous de la pression veineuse moyenne de la veine cave, ce qui a pour effet d'élargir la lumière veineuse et donc d'augmenter le débit veineux instantané du sang revenant au cœur droit. Le phénomène de Frank-Starling entraîne en conséquence une augmentation du volume d'éjection du ventricule droit et donc une augmentation du flux dans les artères pulmonaires. Le volume d'éjection du cœur gauche diminue en même temps légèrement car l'élargissement des veines pulmonaires, lors de l'inspiration, diminue le retour du sang vers le cœur gauche.