La fusion du siecle

Et c’est reparti ! Après une année de relative accalmie, les fusions spectaculaires sont à nouveau à l’ordre du jour sur la scène de l’industrie pharmaceutique. Le coup d’envoi 1998 a été donné par le leader mondial du secteur, le Britannique Glaxo Wellcome qui est en train de peaufiner son rapprochement avec son compatriote SmithKline Beecham (N°9). Un véritable retournement de situation, dans la mesure où ce dernier envisageait depuis plusieurs mois de convoler en justes noces avec le groupe américain Home Product. Ce projet de fiançailles a toutefois été abandonné dès que Glaxo s’est porté candidat. Le mariage des deux laboratoires britanniques se chiffrerait à 430 milliards de francs, soit la plus grosse fusion jamais réalisée dans l’histoire de l’industrie mondiale. Il devrait donner naissance à une nouvelle entité, Glaxo-SmithKline, qui serait incontestablement le plus grand laboratoire pharmaceutique au monde, doté d’une capitalisation boursière de 160 millions de dollars (environ 960 millions de francs). Avec des ventes de 27 milliards de dollars, il détiendrait 7 % du marché mondial du médicament, distançant ainsi considérablement ses plus proches concurrents : l’Américain Merck et le Suisse Novartis, les actuels numéros 2 et 3 du secteur. En outre, et c’est peut-être là, la principale raison de cette fusion, il disposera du plus important budget de recherche et développement : plus de 1,9 milliard de livres (18 milliards de francs), pour 14 500 chercheurs, soit 13,5 % de l’effectif total... suffisamment pour donner un sérieux coup de fouet à ses projets de recherche ! Cette puissance de feu ne sera pas sans conséquences pour le tissu des PMI de biotechnologie. Quelques répercussions négatives sont certes à prévoir, puisque le nouveau mastodonte risque, tôt ou tard, de mettre fin à des partenariats qui font dorénavant doublon. Mais les petites sociétés de biotechnologie pourraient aussi tirer leur épingle du jeu en profitant de ce colossal budget de R&D; pour signer de nouveaux contrats de collaboration, de plus en plus prisés des grands laboratoires pharmaceutiques qui ne peuvent plus posséder, en interne, toutes les nouvelles compétences requises...